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    Claire Marin est écrivaine, philosophe et professeure de philosophie dans des Prépas de Seine Saint Denis (93). Dès la fin de son adolescence, elle fait l’expérience de la maladie chronique qui devient, dit-elle, sa « dame de compagnie », compagne fidèle qui va traverser son œuvre.

    « Hors de moi » est un court récit écrit à la première personne qui raconte le cri de colère d’une jeune femme atteinte d’une maladie auto-immune, jamais nommée, expérience d’une violence faite au corps par le Mal et les traitements, d’une violence des regards, des jugements, des discours. Mais, loin de sombrer dans la résignation et la tristesse, le récit est porté par une énergie et une vigueur qui redonnent vie à la personne pour laisser place, à la fin, inattendu et renaissant, au désir.

    « La maladie, catastrophe intime ». La maladie, dit Claire Marin, est une blessure de l’identité car elle conduit à se poser la question : qui suis-je, qu’est-ce-que le moi ? La maladie expérience révélatrice ou éclairante ? Notre identité selon l’auteure n’est qu’un ensemble d’habitudes, de pensées, de postures, que la maladie peut balayer. Par la maladie, on prend conscience de notre éparpillement. La maladie bouleverse notre monde intérieur mais celui-ci peut être restauré par le Soin. A la puissance destructrice de la maladie, s’oppose le pouvoir bienveillant du soin qui mène à la réconciliation du patient avec lui-même. Cet essai assez court, très clair, sensibilise à la problématique de la maladie et du soin. Il comporte un chapitre très fort sur le visage du malade, sur lequel peut se lire, de manière privilégiée, la perte d’identité à laquelle on remédie par le soin.

    Dans « Rupture (s) » Claire Marin avance que la rupture est une forme essentielle de notre existence : naissance, amours, maladies, deuils, exils, guerre… Nous connaissons tous des séparations, des déchirures. Le thème est d’actualité. L’auteure commence son récit par un parti pris : certaines ruptures sont positives, d’autres négatives. Certaines ne nous apprennent rien, sont une source de souffrance même si elles ont été voulues, décidées. Loin des discours ambiants sur la re-création qui va succéder à la rupture, Claire Marin dit que rien n’est sûr. Dans certains cas, c’est un élan vital qui pousse à rompre, mais il ne s’agit parfois que de se fuir soi-même. L’écrivaine remet la rupture à sa place : ce n’est ni la promesse certaine d’un avenir heureux, ni l’amorce d’une descente aux enfers. Les ruptures fragilisent nos représentations, ébranlent nos certitudes. Comment allons-nous le supporter ? Nous pouvons composer et, en les surmontant, démarrer une nouvelle vie. C’est possible conclut Claire Marin.

    • « Hors de moi », chez Allia 2008 réédition 2019.

    • « La maladie catastrophe intime », chez Puf – questions de soin 2014.

    • « Rupture (s) », l’Observatoire 2019.

     

    « Notre corps, nous-mêmes » du collectif N.C.N.M. Il s’agit d’un manuel de santé féministe, caractérisé par une contestation du pouvoir médical et par l’appropriation d’une contre-expertise citoyenne. Somme de témoignages, conseils pratiques, informations scientifiques et ressources en tout genre sur le corps des femmes de l’enfance à la vieillesse. Toutes les informations médicales ont été validées par des médecins. Il y a aussi une dimension plus politique et sociale du corps féminin avec des chapitres sur les stéréotypes de genre, le corps au travail ou encore la culture du viol. Le livre propose enfin des outils concrets pour permettre de se défendre individuellement et collectivement. Il est rédigé dans une langue très accessible et s’adresse à toutes les femmes (et aux hommes).

    • « Notre corps, nous-mêmes », hors d’atteinte collection faits et idées 384 pages, 2020

     

    « Le soin est un humanisme » de Cynthia Fleury. Collection TRACTS chez Gallimard 2019 Littérature, philosophie, éthique… de nouvelles formations en sciences humaines fleurissent pour permettre aux soignants de questionner leur rapport aux malades. Depuis une dizaine d’années, des masters en « éthique du soin » sont proposés dans les universités françaises. Cynthia Fleury, titulaire de la chaire « humanités et santé » au CNAM et de la chaire « philosophie à l’hôpital » développe dans son ouvrage sa vision du prendre soin. Elle observe la fatigue, les grandes pressions que notre société génère et qu’encaissent les corps. Avec quelle réponse ? Souvent par des stratégies de contournement car on a peu de moyens et une culture de non-prévention, de non soin. Dans notre état de droit, l’usure qui s’imprime sur les corps n’est pas normale. Dans les hôpitaux, les soignants s’investissent mais l’Institution ne les soutient pas. Or, ne pas soutenir le soin c’est ruiner la solidarité qui fonde l’état de droit. Le prendre soin rend les personnes vulnérables, capacitaires et permet de penser reconstruction. L’hôpital, comme l’école, est un pilier essentiel de la cité. C’est un lieu où la civilisation en étant soin est tout.

     

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